Dans la Vallée d’Elah (In the Valley of Elah)
Un film de Paul Haggis
Avec Tommy
Lee Jones, Susan Sarandon, Charlize Theron, Jonathan Tucker, Jason Patric,
James Franco…
Alors que l’armée américaine s’enlise chaque jour un peu plus dans le conflit irakien, dans une guerre qui ne dit plus son nom, Hollywood s’est emparé des multiples histoires qui jalonnent cet épisode déjà sombre de notre histoire contemporaine.
Paul Haggis, oscarisé pour Crash (Collision) a choisi de s’attacher à l’histoire d’un soldat rentré au pays, qui est déclaré déserteur après un week-end. Son père part à sa recherche, et les secrets de l’armée se révèlent les uns après les autres, les secrets d’une guerre et d’une génération qui s’y perd.
Patiemment et intelligemment, Haggis décrit l’enfer quotidien et la rupture entre ces jeunes envoyés dans un pays dont ils ne connaissent rien et où ils se perdent. Inexpérimentés, confrontés à une horreur quotidienne, la perte de repères est telle que la réadaptation à la société civile, américaine, est difficile, même pour un court moment.
Une guerre où l’ennemi est partout et nulle part, et parfois l’ennemi est à l’intérieur.
Tommy Lee Jones incarne le père du soldat avec une rare intensité. Le comédien au visage ciselé par le temps est parfait dans le rôle de cet homme brisé, qui a donné à son pays et perdu ses fils. Econome en mots et en gestes, il va user de son expérience pour découvrir la vérité, avec l’aide d’une jeune enquêtrice de la police locale, interprétée par Charlize Theron, qui elle est aussi très juste dans son rôle.
Chargé de symboles, mise en scène avec brio par Paul Haggis, qui distille petit à petit les bribes d’une intrigue complexe, Dans la Vallée d’Elah est l’un des premiers films à aborder de front le problème de la présence américaine en Irak, l’incapacité de l’armée d’y faire régner la paix, et comme un symbole la faiblesse de ces jeunes hommes qui souffrent en silence, dépassés par une destinée qu’ils imaginaient bien souvent très différente.
Cette parabole sur la politique étrangère américaine prend un sens symbolique lors des ultimes secondes du film, où Tommy Lee Jones fait hisser le drapeau américain à l’envers, un «code » militaire pour appeler à l’aide.
En s’appuyant sur un casting solide, auquel participe également Susan Sarandon, Haggis réussit à mener suspens et émotion de front, sans quitter des yeux son sujet et amener le spectateur à la réflexion face à cette «vérité qui dérange ».
Un film nécessaire, à voir.
Arnaud Meunier
02/12/2007